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Dans le cadre de l’enregistrement des émissions des Agités du FLE, nous vous proposons généralement de commencer à discuter des thèmes traités ici-même. L’objectif est d’amorcer une première réflexion sur le sujet entre nous, d’inclure les idées et questions de chacun à la réalisation de l’épisode, puis de continuer nos échanges à la lumière de l’épisode publié. Voici le thème du prochain épisode enregistré  :

Enseigner en ligne

Pour cette émission, nous recevrons Jeanne et Marion, deux Agitées de la communauté, qui nous feront part de leur expérience de l’enseignement en ligne. Jeanne a d’ailleurs un blog dédié uniquement à cette pratique et aux outils qu’elle utilise pour y parvenir. Nous vous encourageons comme d’habitude à proposer toutes les questions qui vous passent par la tête, mais aussi à partager votre propre expérience (difficultés rencontrées, avantages,…). Parmi les questions que l’on peut se poser et auxquelles vous avez peut-être déjà des réponses :

  • peut-on faire tous les types d’activités en ligne ?
  • comment peut-on mettre en place telle ou telle activité ?
  • ne perd-on pas le côté humain de l’échange en passant par un écran ?
  • quel suivi entre les cours ?

Le sujet a également déjà été abordé à plusieurs reprises sur le forum. Ces fils de discussion constituent donc également une bonne base pour une première réflexion :

Au plaisir d’échanger avec vous !

Les Agités 😀

Johann Question répondue 17/02/2019

Pour partager mon expérience, j’ai lancé cette année une plateforme Moodle pour accompagner mes apprenants dans leur apprentissage en dehors de la classe. Je travaille dans une fac en Chine, pays où l’accès à la totalité du web peut être… compliqué…
J’avais besoin d’un outil pour communiquer avec mes apprenants en dehors des cours (en plus de WeChat) et de leur donner la possibilité d’approfondir ce que nous avons commencé en classe.
Sur ce site, j’écris les devoirs, propose des exercices autocorrectifs (CE, CO, grammaire, vocabulaire en général), des documents complémentaires et ceux utilisés en classe pour chaque leçon d’Alter Ego+.
Concrètement, le site est un outil apprécié de la plupart des apprenants : ils s’y connectent souvent plusieurs fois par semaine pour vérifier les devoirs et faire les exercices.
Pour moi, ce site est un véritable lien entre les cours : je sais qu’ils ont connaissance des devoirs, accès aux documents et peuvent donc rattraper un cours assez facilement en cas d’absence. Autre avantage, ce genre d’outil peut permettre de s’adapter aux besoins des apprenants et à leur niveau, chose qui n’est pas toujours facile en cours : je peux proposer des documents pour les étudiants qui ont des difficultés et des documents d’approfondissement pour ceux qui veulent en savoir plus sur un sujet. Aussi, dans le cas des exercices de CO, les apprenants peuvent écouter les enregistrements autant de fois que nécessaire, chose qui est difficile en classe.
En ce qui concerne les exercices autocorrectifs, leur plus grand atout est qu’ils donnent un feedback immédiat à l’apprenant, contrairement aux exercices du cahier d’activités qu’on donne en devoirs et corrige en classe. Après, on est forcément plus limité qu’avec des exercices avec des réponses libres, si l’étudiant doit écrire les réponses, elles doivent être courtes pour correspondre facilement à la réponse attendue. Quand on crée les exercices, il faut parfois faire preuve d’inventivité pour rendre l’exercice pertinent et intéressant malgré cette contrainte, et ne pas se contenter de (re)faire des exercices « classiques » qu’on retrouve dans les méthodes et qui seront peu intéressants ici. En tant qu’enseignant, ces exercices me permettent de passer beaucoup moins de temps sur des corrections en classe, je peux suivre la progression de mes étudiants, voir les difficultés et éventuellement revenir dessus en classe si nécessaire.
À la question « peut-on faire tous les types d’activités en ligne ? », je serai tenté de dire oui. Dans le cas d’une plateforme comme Moodle, on a un outil puissant qui nous permet de faire énormément de choses, le problème est de trouver comment faire ces activités de façon pertinente et intéressante pour l’apprenant. Dans le cas des activités de productions, elles sont souvent pénibles à réaliser en ligne. Néanmoins, j’ai trouvé le moyen de faire des PE et de les corriger efficacement, en demandant aux apprenants de les envoyer sous forme d’image ou de PDF sur le site, pour que je puisse corriger le document depuis mon iPad pro avec le stylet (comme avec une PE « classique » sur papier). Ça permet aux apprenants d’éviter d’imprimer le document, mais, inconvénient, ils n’auront pas de trace physique de leur production et de sa correction. Pour les PO, demander d’enregistrer un document audio aux apprenants est un exercice intéressant : ils peuvent s’y reprendre autant de fois qu’ils le souhaitent pour obtenir un résultat satisfaisant pour eux. Pour ce qui est de la correction, elle est chronophage, mais la réécoute des documents permet souvent de mettre le doigt sur des choses qu’on n’aurait pas repérées en classe, ce qui est assez formidable.
Je ne suis pas dans le cas d’un enseignement 100% à distance, mais dans du blended learning, et c’est vraiment quelque chose qui me plaît : le côté humain des cours en présentiel est quelque chose qui m’est nécessaire, et qui souvent nécessaire pour une grande partie des apprenants j’ai l’impression. Le lien affectif qui se crée entre les apprenants et l’enseignant est un peu moteur de l’apprentissage, et c’est quelque chose qui est difficile à créer en ligne, où l’apprentissage est souvent assez solitaire. En plus de ça, le présentiel compense souvent les limites de l’apprentissage en ligne, pouvoir jongler entre les deux est un véritable avantage.
Après, même si enseigner en ligne est quelque chose de super intéressant, faut être conscient que travailler avec des outils comme Moodle est souvent très chronophage : pour créer 2 ou 3 exercices, ajouter quelques documents, modifier la mise en page, ça me prend souvent une (petite) journée de travail. L’avantage après, c’est qu’on peut réutiliser ce qu’on a créé les trimestres suivants ou années suivantes, mais initialement, c’est un gros investissement.