Dans le cadre de l’enregistrement des prochaines émissions des Agités, nous vous proposerons le plus souvent de commencer à discuter des thèmes traités ici-même. L’objectif est d’amorcer une première réflexion sur le sujet entre nous, d’inclure les idées et questions de chacun à la réalisation du numéro, puis de continuer nos échanges à la lumière du numéro publié. Voici ce que l’on vous propose cette fois-ci :
Des projets pour enseigner
On a souvent eu l’occasion de l’évoquer, le CECRL nous propose un cadre mais pas d’approche. Néanmoins, les notions d’”acteur social”, de “compétences”, d’”activités” telles que présentées et définie par le CECRL nous encouragent à travailler autour des projets. Dans un prochain numéro des Agités du FLE dans lequel nous recevrons Évelyne Rosen, nous allons donc essayer de proposer un panorama de façons d’enseigner, de faire classe autour de la notion de projet.
Nous vous proposons de commencer à échanger sur ce thème via ces quelques questions et amorces de réflexion (liste non exhaustive bien entendu ) :
☞ avons-nous déjà mis en place des projets dans nos classes ? Comment cela s’est-il passé ? (difficultés rencontrées, retours des apprenants,…)
☞ comment et pourquoi mettre en place des projets ou une pédagogie de projet ?
☞ le débat qui tue : pour ou contre la pédagogie de projet ?!
☞ …
Au plaisir d’échanger avec vous !
Les Agités
Bonjour à tous !
Je ne sais pas comment borner la notion de « projet ». Si de savants universitaires se sont déjà attachés à la définition du concept, je veux bien leurs références.
En enseignant à l’université Danjiang à de jeunes étudiants taïwanais, j’ai eu la possibilité de mettre en place des activités / exercices / projets / trucs collaboratifs ayant une finalité autre que l’apprentissage s’appuyant aussi sur des compétences non-linguistiques (tentative de définition ?).
Par exemple, les élèves ont réalisé un journal d’information en français (il s’agit d’une « tâche finale », dans le cadre d’un dossier du cours dit de « composition »). Chaque groupe a choisi un thème pour son reportage. Le résultat devait être une ou deux pages de texte paginé incluant titre, chapeau, photo + légende, accroche. Il y avait d’autres contraintes : le reportage devait concerner la vie sur le campus ou être réalisable dans sa proximité immédiate, il devait contenir du discours rapporté et s’appuyait sur l’interview d’au moins deux personnes (en langue locale, ce qui suppose la traduction des propos vers le français). L’ensemble des articles a ainsi constitué un journal, corrigé par le prof, envoyé en version numérique à tous les élèves et profs du département.
Les principales difficultés de cette activité sont le manque d’implication des élèves qui se traduit par l’absence de choix de reportage jusqu’au dernier jour ou le désintérêt pour la rédaction (laissée au meilleur du groupe). En groupe, l’effet carotte / bâton de la note s’estompe pour un public captif. Je propose donc d’aider les élèves à trouver un sujet, même trivial, sur lequel ils auront à cœur de travailler.
Ce « projet » a permis de laisser libre cours à la créativité des élèves qui ont parfois inventé un interlocuteur fictif dont ils ont cité les propos (comme un chien, dans un article sur les chiens errants du campus) et apparemment, le journal aurait été lu, car certains articles, les plus drôles ou farfelus, ont déclenché des débats passionnés (« Pour ou contre le pyjama ? »).
Je suis pour le développement de projets. Certains contextes s’y prêtent bien, comme l’université à Taïwan, où toutes les pratiques artistiques peuvent donner lieu à un projet public (film, pièce de théâtre, comédie musicale, poésie, roman-photo, …). Selon moi, tout ce qui peut mettre en relation des étudiants de français avec des francophones confirmés justifie la mise en place de « projets » (accueil d’étudiants en échange, réalisation d’un guide linguistique ou touristique, …) et ce, dès le niveau A1.

Bonjour! Sujet très intéressant en effet, je n’ai pas encore eu l’occasion d’utiliser la pédagogie de projet mais je suis pour, je pense que c’est une façon originale et surtout motivante pour les étudiants d’apprendre la langue. Une idée qui revient souvent est la création d’un blog mais je pense qu’il y a beaucoup plus que ça, j’attend donc votre emission avec impatience! Je travaille plutôt avec des adultes et j’aimerais en savoir plus sur les projets réalisables aux niveaux A1 et A2. Merci pour votre travail et votre énergie ainsi que ce bon vent de collaboration!

Bonjour Claire et bienvenue ! Quelle énergie participative depuis ton inscription : un grand merci à toi, cela promet de supers échanges et ça me met de bonne humeur dès le lundi matin ! 😀 On a bien noté tes questions. Ce numéro n’arrivera pas avant la rentrée, donc on va avoir du temps pour en discuter. En tous cas, on ne peut pas trop vous en dire mais il y a pas mal de choses en préparation à ce propos… on vous en reparle prochainement. 😀

J’avais du temps donc j’en ai profité !
Merci à vous pour tout le travail que vous faites! Et on attend avec impatience toutes ces petites choses en préparation! 🙂
Pour moi, le fait de travailler avec des projets a été la solution pour motiver les classes d’adolescents ! Lorsqu’il y a une finalité, lorsqu’ils peuvent travailler en équipe et faire appel à d’autres compétences que le français, leur motivation est plus grande.
Et avec des classes où les niveaux sont différents, c’est encore mieux !
De manière autonome, ils se répartissent les différentes tâches à accomplir en fonction de leurs compétences langagières et surtout ils s’entraident ! Et je pense qu’ils apprennent beaucoup plus entre eux qu’avec moi ! 🙂
En général, il s’agissait de projets sur deux jours (soit 6 heures), toutes les notions essentielles avaient été travaillées en amont et le projet permettait un réinvestissement.
Par contre, je n’ai jamais eu la possibilité de réaliser de projet à long terme et j’aimerais avoir plus d’informations sur le sujet : les apprenants ne se lassent-ils pas ? Comment organise-t-on le temps de préparation sur le projet ? Les notions sont-elles introduites pendant la préparation du projet ? …
Et est-ce que la pédagogie du projet se doit d’être associée à un projet concret comme l’organisation d’un voyage ? Ou bien la réalisation d’une « tâche finale » est-elle aussi un projet ?
Avec les adultes, j’ai toujours plus de mal à trouver des idées fédératrices et à concilier les caractères. Avez-vous des idées de projets ?
Avec les petits, je verrai bien des mini-projets pratiques comme décorer la salle de classe avec une fresque commune ou jouer et voilà !! 😀
C’est super difficile de trouver des projets avec des petits !
Dans le livre L’enseignement aux enfants en classe de langue chez CLE International, Hélène Vanthier parle de pédagogie de la tâche qui développe des compétences langagières et transversales comme le développement de la mémoire, … Les propositions qui sont faites semble être essentiellement des activités et non des « projets », mais comme je n’ai pas eu le temps de tout lire en détail, je me trompe peut-être.
En tout cas, pour les petits (à partir de 6 ans) il existe le site Primlangues qui présente des scenarii pédagogiques pour les classes de langues vivantes, il n’y a pas le FLE, mais je pense que ça peut donner des idées.

Très intéressant ton commentaire Sophie! Tu nous dis que tu as déjà pratiqué la pédagogie de projet avec des ados, tu peux nous parler des projets que vous avez réalisés? Ça nous donnera surement des idées! Merci!!

Merci pour ce retour Sophie : très intéressant en effet ! Lorsque j’enseignais à des lycéens japonais, j’étais moi aussi parti sur des projets pour leur côté ludique et motivant. Dans le genre « classique » et pas trop long, on avait fini une série de séquences sur la réalisation de crêpes (le lycée avait des cours de cuisine donc on avait le local adéquat) ou de macarons (là, c’est eux qui avaient voulu et qui m’avaient donc expliqué comment faire). Ils avaient aussi fait un « chœur » et on avait filmé la chanson. Avec mes deuxièmes années, on avait aussi réalisé un film. Là, c’était un projet sur quasiment toute l’année, du long terme donc. Je pense en effet Sophie qu’il y avait peut-être un peu de lassitude (mes souvenirs sont flous car j’ai fait ça il y a 6 ou 7 ans déjà). Je crois que le mieux est de prévoir des objectifs et des réalisations concrètes à court terme, autant d’étapes (de sous-tâches) jalonnant le trajet vers la tâche finale. On pourrait même envisager de ne pas dévoiler la tâche finale, de faire réaliser ces mini-projets et de donner envie petit à petit aux apprenants de combiner tout ça pour faire quelque chose de plus grand. En planifiant bien à l’avance, je pense que c’est possible et cela aurait l’énorme avantage de laisser l’initiative aux apprenants.

PS : désolé pour le soucis d’avatar. J’ai prévu d’utiliser la pause estivale pour résoudre les bugs et améliorer toute la partie communautaire du site (ici donc).

Désolée pour la réponse un peu tardive. Les projets étaient des projets courts, faciles à mettre en place, comme écrire un article pour le journal de leur école, monter un projet de création d’entreprise en France (lieu d’implantation, produit, études de marché, publicité radio …) – qui a duré un peu plus longtemps 14 heures sur deux semaines – écrire et jouer les scènes d’un film de super héros, réaliser un test psychologique, publier une recette de cuisine sur le net (adultes).
Rien d’extraordinaire en somme. Je pense qu’il y a des professeurs bien plus créatifs !
PS Fred : Pas de problème pour l’avatar ! Si j’écris des bêtises, je serai un peu protégée ! 😉
Super sujet ! Personnellement, je suis intéressée par la pédagogie de projet pour les petits, du niveau A1.1 à A2. Si vous pouviez intégrer ce public à votre discussion/reflexion ça serait top ! Merci 🙂

C’est noté! Merci de ta question qui est bien plus compliquée qu’elle ne parait!

Super question oui ! Effectivement, ça mériterait presque un numéro dédié avec quelqu’un en ayant déjà l’expérience.
Bonjour et bienvenue Atsukan ! Merci pour ce super retour. 😉 Pour ce qui est de la définition de la notion de « projet » reste dans les parages, il devrait y avoir des choses qui pourraient t’intéresser. Ravi de te compter parmi nous Nico. 😉