Dans le cadre de l’enregistrement des émissions des Agités du FLE, nous vous proposons généralement de commencer à discuter des thèmes traités ici-même. L’objectif est d’amorcer une première réflexion sur le sujet entre nous, d’inclure les idées et questions de chacun à la réalisation de l’épisode, puis de continuer nos échanges à la lumière de l’épisode publié. Voici le thème du prochain épisode enregistré :
Enseigner en ligne
Pour cette émission, nous recevrons Jeanne et Marion, deux Agitées de la communauté, qui nous feront part de leur expérience de l’enseignement en ligne. Jeanne a d’ailleurs un blog dédié uniquement à cette pratique et aux outils qu’elle utilise pour y parvenir. Nous vous encourageons comme d’habitude à proposer toutes les questions qui vous passent par la tête, mais aussi à partager votre propre expérience (difficultés rencontrées, avantages,…). Parmi les questions que l’on peut se poser et auxquelles vous avez peut-être déjà des réponses :
- peut-on faire tous les types d’activités en ligne ?
- comment peut-on mettre en place telle ou telle activité ?
- ne perd-on pas le côté humain de l’échange en passant par un écran ?
- quel suivi entre les cours ?
- …
Le sujet a également déjà été abordé à plusieurs reprises sur le forum. Ces fils de discussion constituent donc également une bonne base pour une première réflexion :
- Les cours par Skype – par Anaïs
- Des cours de FLE par Skype – par Julie
Au plaisir d’échanger avec vous !
Les Agités 😀

Bonjour à toutes et à tous,
Selon moi, il faut bien distinguer l’enseignement en ligne « à tout prix » et l’enseignement en ligne réfléchi.
D’un côté, il y a les cours Skype, parfaitement adapté au statut d’auto entrepreneur où l’apprenant peut interagir via le micro, la vidéo et le chat depuis le confort de son canapé. Même si l’écran peut être partagé, il n’en reste pas moins inaccessible. L’interaction avec le contenu pédagogique en est donc limitée. Selon moi c’est une solution économique et parfaitement adaptée à l’enseignement/apprentissage ponctuel.
Et d’un autre côté, l’enseignement en ligne utilisant des solutions logicielles adaptées, certes coûteuses à titre individuel mais abordable a titre professionnel et/ou institutionnel. Ces logiciels, sont équipés d’outils favorisant l’interaction au sein même du contenu pédagogique, tels que le stylo, la saisie de texte et l’enregistrement des classes pour n’en citer que trois. Nous parlons donc véritablement de web 2.0, s’inscrivant ainsi dans une pédagogie actionnelle à plus d’un titre.
Ces deux solutions apportent leurs lots d’avantages et d’inconvénients, un cours en ligne bradé de facto encourage la précarisation de la profession, mais une solution onéreuse nécessitant une formation et est par défaut moins accessible.
J’espère ne contrarier personne dans ce message.
Si vous avez des questions je serai ravi de vous répondre.

Bonjour Aurélien,
Je suis auto-entrepreneure et l’enseignement en ligne est mon activité principale, et je pense qu’il est possible de faire de l’enseignement en ligne « réfléchi » sans logiciel spécialement conçu pour cette activité. En fait, je dirais que les outils à utiliser dépendent des objectifs des étudiants.
Par exemple, pour un simple cours de conversation, Skype suffit. Pour des cours incluant des exercices ou des devoirs, on peut utiliser des outils comme Google Docs. On peut également enrichir les cours avec des cartes mentales ou des padlets.
Néanmoins, il est possible d’utiliser des logiciels d’enseignement en ligne à moindre coût. Je pense notamment à la plateforme Verbling qui a créé un espace de travail, où différentes options sont disponibles (traitement de texte, ajout de texte sur un PDF, stylo, création de flashcards automatique…). J’ai aussi testé WiziQ, un logiciel fait pour l’enseignement en ligne, mais je ne l’ai pas trouvé pratique du tout, malgré les options offertes par le logiciel (donner la main aux étudiants pour mieux gérer les échanges, le bouton « fini » que les étudiants utilisent pour notifier le prof qu’ils ont terminé l’exercice, la possibilité de créer des sondages…).
En réalité, je n’ai pas encore trouvé un logiciel satisfaisant pour enseigner en ligne.
En as-tu testé certains ? Et si oui, lesquels te semblent vraiment adaptés ?

Bonjour Jeanne,
À l’Alliance Française La Haye, nous utilisons bigbluebutton.
Ce matin même j’ai organisé une formation auprès de mes collègues.
La formation a été enregistrée et elle est disponible ici : https://moodle.aflahaye.nl/course/view.php?id=158
Bonne lecture/visionnage 🙂

Merci, je regarderai ! 😉
J’ai déjà entendu parler de Big Blue Button dans le contexte de Moodle mais je ne l’ai jamais utilisé.
Pour partager mon expérience, j’ai lancé cette année une plateforme Moodle pour accompagner mes apprenants dans leur apprentissage en dehors de la classe. Je travaille dans une fac en Chine, pays où l’accès à la totalité du web peut être… compliqué…
J’avais besoin d’un outil pour communiquer avec mes apprenants en dehors des cours (en plus de WeChat) et de leur donner la possibilité d’approfondir ce que nous avons commencé en classe.
Sur ce site, j’écris les devoirs, propose des exercices autocorrectifs (CE, CO, grammaire, vocabulaire en général), des documents complémentaires et ceux utilisés en classe pour chaque leçon d’Alter Ego+.
Concrètement, le site est un outil apprécié de la plupart des apprenants : ils s’y connectent souvent plusieurs fois par semaine pour vérifier les devoirs et faire les exercices.
Pour moi, ce site est un véritable lien entre les cours : je sais qu’ils ont connaissance des devoirs, accès aux documents et peuvent donc rattraper un cours assez facilement en cas d’absence. Autre avantage, ce genre d’outil peut permettre de s’adapter aux besoins des apprenants et à leur niveau, chose qui n’est pas toujours facile en cours : je peux proposer des documents pour les étudiants qui ont des difficultés et des documents d’approfondissement pour ceux qui veulent en savoir plus sur un sujet. Aussi, dans le cas des exercices de CO, les apprenants peuvent écouter les enregistrements autant de fois que nécessaire, chose qui est difficile en classe.
En ce qui concerne les exercices autocorrectifs, leur plus grand atout est qu’ils donnent un feedback immédiat à l’apprenant, contrairement aux exercices du cahier d’activités qu’on donne en devoirs et corrige en classe. Après, on est forcément plus limité qu’avec des exercices avec des réponses libres, si l’étudiant doit écrire les réponses, elles doivent être courtes pour correspondre facilement à la réponse attendue. Quand on crée les exercices, il faut parfois faire preuve d’inventivité pour rendre l’exercice pertinent et intéressant malgré cette contrainte, et ne pas se contenter de (re)faire des exercices « classiques » qu’on retrouve dans les méthodes et qui seront peu intéressants ici. En tant qu’enseignant, ces exercices me permettent de passer beaucoup moins de temps sur des corrections en classe, je peux suivre la progression de mes étudiants, voir les difficultés et éventuellement revenir dessus en classe si nécessaire.
À la question « peut-on faire tous les types d’activités en ligne ? », je serai tenté de dire oui. Dans le cas d’une plateforme comme Moodle, on a un outil puissant qui nous permet de faire énormément de choses, le problème est de trouver comment faire ces activités de façon pertinente et intéressante pour l’apprenant. Dans le cas des activités de productions, elles sont souvent pénibles à réaliser en ligne. Néanmoins, j’ai trouvé le moyen de faire des PE et de les corriger efficacement, en demandant aux apprenants de les envoyer sous forme d’image ou de PDF sur le site, pour que je puisse corriger le document depuis mon iPad pro avec le stylet (comme avec une PE « classique » sur papier). Ça permet aux apprenants d’éviter d’imprimer le document, mais, inconvénient, ils n’auront pas de trace physique de leur production et de sa correction. Pour les PO, demander d’enregistrer un document audio aux apprenants est un exercice intéressant : ils peuvent s’y reprendre autant de fois qu’ils le souhaitent pour obtenir un résultat satisfaisant pour eux. Pour ce qui est de la correction, elle est chronophage, mais la réécoute des documents permet souvent de mettre le doigt sur des choses qu’on n’aurait pas repérées en classe, ce qui est assez formidable.
Je ne suis pas dans le cas d’un enseignement 100% à distance, mais dans du blended learning, et c’est vraiment quelque chose qui me plaît : le côté humain des cours en présentiel est quelque chose qui m’est nécessaire, et qui souvent nécessaire pour une grande partie des apprenants j’ai l’impression. Le lien affectif qui se crée entre les apprenants et l’enseignant est un peu moteur de l’apprentissage, et c’est quelque chose qui est difficile à créer en ligne, où l’apprentissage est souvent assez solitaire. En plus de ça, le présentiel compense souvent les limites de l’apprentissage en ligne, pouvoir jongler entre les deux est un véritable avantage.
Après, même si enseigner en ligne est quelque chose de super intéressant, faut être conscient que travailler avec des outils comme Moodle est souvent très chronophage : pour créer 2 ou 3 exercices, ajouter quelques documents, modifier la mise en page, ça me prend souvent une (petite) journée de travail. L’avantage après, c’est qu’on peut réutiliser ce qu’on a créé les trimestres suivants ou années suivantes, mais initialement, c’est un gros investissement.