Monter un atelier débat en classe

Les activités lors de cette phase peuvent varier selon le nombre d’apprenants présents en début de cours (retardataires…), leur tendance à participer spontanément ou non et le temps que l’on peut y consacrer. (NdR : j’ai tendance à travailler presque systématiquement la phonétique pour débuter la majorité de mes cours.) Parmi les activités de cette phase, on peut ainsi trouver :

• 
Intonation et rythme : travail de l’intonation et des groupes rythmiques que ce soit dans le cadre d’un argumentaire en discours continu ou en réaction aux interventions d’autres personnes ;
• Questions et prolongements éventuels sur les débats précédents : l’objectif est de rafraîchir la mémoire de chacun et de continuer à développer un thème au regard de l’actualité ;
• « Speed debating » sous plusieurs formes :
  • projection d’une affirmation ou d’une illustration à partir de laquelle les apprenants doivent réagir et argumenter en temps limité (max 3mn)
  • projection d’une série d’arguments à reformuler (pour gagner en concision par exemple)
  • projection d’une série d’arguments pour lesquels les apprenants doivent trouver un argument opposé
  • projection d’une série d’arguments pour lesquels les apprenants doivent trouver (ou imaginer) un exemple ou une illustration
  • etc. (l’objectif étant de retravailler des micro-compétences déjà approfondies en cours)

Cette étape de la séance permet de travailler une compétence spécifique utile au débat. En raison de l’hétérogénéité évidente des apprenants et des points à aborder, ce moment constitue une séquence pédagogique complète et à part entière qui fait l’objet d’une fiche dédiée. Le réemploi se fait généralement lors du débat qui suit, les apprenants étant fortement poussés à faire un effort supplémentaire vis-à-vis de cette compétence lors de leurs échanges du jour et futurs.

Des fiches pédagogiques permettant de traiter ces compétences se trouvent dans la section »Fiches et contenus pédagogiques » de ce carnet, avec des contenus créés spécifiquement pour l’atelier débat mais avec aussi des ressources glanées sur le web pédagogique. Parmi les fiches ajoutées prochainement, on trouvera par exemple :

• savoir introduire un débat d’idées
• savoir trouver et diversifier ses arguments
• savoir illustrer et justifier ses arguments
• …

Cette étape permet aux apprenants de partager leurs idées et de vérifier leur compréhension du thème en la confrontant à celle des autres suite à leur travail de préparation effectué à la maison. L’enseignant peut ici répondre à d’éventuelles questions en tournant entre les groupes. C’est aussi une manière de rentrer dans le thème et de commencer à expliquer ses idées pour être parfaitement à l’aise lors du débat en lui-même.

• 
Remue-méninges éventuel sur le nouveau thème : utilisation d’un document plutôt graphique ou d’un mot illustrant le thème du jour autour duquel les apprenants doivent construire une carte mentale de mots-clés
• Distribution de l’introduction au débat : un petit texte identique pour tout le monde donnant et contextualisant le thème du débat
• Échange et partage des idées trouvées via les documents consultés à la maison. L’échange se fait en petits groupes, puis on change de partenaires pour récolter de nouvelles idées (cf. rotation et modalités ci-dessus). À ce stade, ils ne savent pas encore la position qu’ils auront à défendre lors du débat, ni leurs futurs partenaires/adversaires.
• Questions et éclaircissements éventuels à demander à l’enseignant (vocabulaire, concept,…)

De manière générale, l’enseignant a principalement ici une posture d’observateur. Il ne faut cependant pas hésiter à aiguiller les apprenants vers de nouvelles idées ou à les réorienter s’ils font vraiment fausse route.

Après constitution des différents sous-groupes (aléatoire, hétérogénéité équilibrante, affinités,…) et attribution de la position qu’ils auront à défendre, il s’agit maintenant pour les apprenants de :

• organiser les arguments propres à leur position
• compléter avec des justifications et illustrations si nécessaires
• rechercher des contre-arguments pour anticiper leur réaction aux injonctions de l’autre groupe
• élaborer une introduction au débat (à introduire lorsque la compétence correspondante aura été vue)
• élire un modérateur (maître du temps + temps de parole individuel) et un rapporteur (prise de notes et compte-rendu à la classe)

Les sous-groupes se mettent par paire de position opposée et se lancent dans le débat sous le contrôle du modérateur. S’il n’y a que deux groupes, l’enseignant peut jouer le rôle du modérateur qui doit :

• contrôler la longueur de l’introduction (1mn30 à 2mn max)
• distribuer la parole, demander de passer à un autre argument,…
• prendre des notes pour faire un compte-rendu après le débat de la « qualité » de l’argumentation des deux groupes (respect des opinions de chacun, écoute,…)

Si le nombre d’apprenants le permet, un rapporteur peut être désigné et va prendre des notes sur les arguments et contre-arguments avancés pour en faire un compte-rendu oral construit à la classe. Il peut être aussi intéressant de filmer le débat pour une analyse et des rétroactions plus objectives.

Lors de cette étape de rétroaction, l’objectif principal est de faire identifier et conscientiser aux apprenants les points et aspects à améliorer pour un prochain débat. Une fois qu’elle aura été pensée et construite en classe (cf. étape 2), le mieux est ici d’utiliser une fiche d’auto-évaluation pour aider et guider les modérateurs et les rapporteurs dans leur prise de notes. On pourra alors faire les retours en trois temps :

1. Compte(s)-rendu(s) du (ou des) modérateurs(s) sur le déroulement général des débats : respect du temps de parole, écoute des autres,…
2. Compte(s)-rendu(s) du (ou des) rapporteur(s) éventuels sur les contenus : résumé rapide des arguments avancés mais aussi de ceux non mentionnés par le groupe alors qu’ils ont leur importance. Note : on peut encourager ici les apprenants à compléter leurs notes en vue du texte écrit à produire à la maison.
3. Retours de l’enseignant à partir de ses notes prises tout au long de la séance : compléments aux comptes-rendus des modérateurs et rapporteurs, retours anonymisés sur des problèmes et erreurs linguistiques récurrentes, compétences à (re)travailler car non encore maîtrisées,… Toujours finir sur des remarques positives sur ce qui a été bien fait et/ou amélioré depuis le dernier débat.

Note : si l’on souhaite avoir quelques exemples de grilles d’auto-évaluation, certains des sites mentionnés dans la suite du carnet en proposent. 😉

La fin de séance est généralement très rapide et consiste simplement en la distribution de documents pour finaliser le débat du jour (éventuellement) et surtout préparer le débat et la séance suivante. Si l’on a à sa disposition un environnement numérique de travail (ENT), on peut tout à fait envisager d’envoyer les documents par ce biais pour gagner un peu de temps et éviter des photocopies et du découpage. Les documents à distribuer sont les suivants :

• Résumé éventuel des arguments en lien avec le thème traité ce jour-là (en complément de toutes les notes et interactions des apprenants)
• Fiche de préparation A : une fiche à réaliser en autonomie à la maison et qui propose un travail écrit sur le thème du débat du jour ; ainsi que quelques termes lexicaux à clarifier et un argument à préparer sur le thème du prochain débat. (Exemple de la viande et de l’euro dans la fiche exemple fournie)
• Fiche de préparation B : une fiche générique pour guider les apprenants dans l’analyse des documents qu’ils chercheront et consulteront chez eux. Source, intervenant(s), pertinence, arguments porteurs,…
• 1 ou 2 arguments par personne sur le prochain thème à débattre. On peut également y glisser des statistiques, des portraits, des témoignages,… selon le thème. Voici un exemple d’arguments et statistiques sur le thème de l’euro – attention, ça date un peu.

Chez eux, les apprenants ont donc pour mission de :

• principalement, préparer le nouveau débat grâce aux documents fournis et via leurs recherches personnelles. Dans le cas où ils ne feraient rien (manque de temps, flemme,…), ils auront au moins l’argument distribué en cours pour apporter leur pierre et profiteront des recherches des autres ;
• optionnellement, travailler l’argumentation écrite via la production d’un texte argumentatif sur le thème vu le jour même.